mardi, février 07, 2006

FAIRE L’AMOUR, FAIRE LA TENDRESSE OU JOUER…..

Fait-on toujours l’amour par Amour ? En d’autres termes, la pénétration est-elle toujours l’expression d’un sentiment amoureux ? Bien sûr que non !

Et pourtant, c’est toujours en utilisant ces mots-là qu’on en parle. D’ailleurs, on constate qu’à force d’être employée à toutes les sauces, l’expression FAIRE L’AMOUR a pratiquement perdu tout son sens.

En théorie, elle est supposée désigner deux composantes réunies en un seul geste, soit l’acte sexuel du coït comme expression idéale du sentiment amoureux; d’où l’expression Faire l’Amour. Mais dans les faits, les gens l’utilisent tout simplement pour référer à l’acte de pénétration, quelle que soit la dimension émotive ou relationnelle qui s’y rattache.

À preuve, que ce soit sous l’effet magique du coup de foudre alors que les deux amoureux se sentent seuls sur leur nuage, ou dans un autre contexte alors que l’un des deux partenaires, habituellement le gars, a juste le goût d’une « petite vite », dans les deux cas, on aura recours à l’expression faire l’Amour.

une expression qui sème de la confusion

On conviendra que la longueur d’ondes est bien différente d’une fois à l’autre. Alors pourquoi utiliser toujours les mêmes mots pour ces deux pénétrations ? C’est un peu comme si on décidait d’apposer des étiquettes identiques avec le mot « confitures » sur tous les pots qui se trouvent dans le frigidaire, sans aucune distinction de leur contenu.

Fort probable qu’il y a des déjeuners où les toasts feraient de mauvaises surprises (moutarde, cornichons, mayonnaise, etc.) et nous laisserait un arrière goût amer. Peut-être même à un point tel qu’on préfèrerait s’en passer au lieu de prendre le risque d’être déçu après s’être fait de faux espoirs de se régaler. Car on a tous une limite au-delà de laquelle le ras-le-bol fait son œuvre.

Mais alors, pourquoi s’entête-t-on à dire Faire l’Amour ? Bien qu’elles ne soient pas toutes valables, il y a plusieurs raisons à cela. Tout d’abord, notons que la pénétration a toujours été considérée comme le geste sexuel le plus important et qu’il garde encore de nos jours cette prestance puisque c’est à partir de sa présente ou de son absence qu’on parle d’une « relation complète » ou pas.

la jouissance de grand-mère

On ne peut pas en dire autant de sa symbolique amoureuse qui est beaucoup plus récente. Qu’il suffise de se rappeler qu’au début du siècle dernier, on disait à la fille qui allait se marier qu’elle devait faire son devoir d’épouse en ne se refusant pas à son mari.

Comme je l’ai déjà expliqué en long et en large dans le premier numéro de ma collection de cassettes « Sexualité : propos et conseils » qui avait pour titre « Faire l’Amour… des fois oui… mais pas toujours ! », on peut imaginer que si l’arrière-grand-mère sentait le besoin d’avertir sa fille qu’elle ne devait pas se soustraire à son devoir, on est en droit de supposer que c’est parce que cela ne devait pas lui avoir paru si jojo, sans quoi elle n’aurait pas parlé d’obligation mais de plaisir.

Ensuite, en présentant la pénétration comme le geste d’Amour par excellence, on espérait satisfaire le besoin de romantisme des femmes et par le fait même les amener à le désirer à partir du moment où cela ne leur apparait plus comme une corvée. Et de plus, grâce à cette nouvelle vision, les demandes du partenaire allaient devenir plus alléchantes. Qui sait, peut-être y trouveraient-elles leur compte au point de le désirer, voire même en demander ! Pour les gars, tous les rêves devenaient permis !

entre le rêve et la réalité

L’embêtant, c’est qu’entre le rêve et la réalité, il y a des réveils qui s’avèrent plus décevants que d’autres. Et ce sont surtout les femmes qui en ont fait les frais à ce niveau, ce qui n’implique aucunement que les hommes n’aient pas aussi leurs raisons de déchanter mais ce n’est pas de cela qu’il est question présentement.

Quand deux personnes décident de faire l’Amour, le moins qu’on puisse dire c’est qu’ils devraient établir un climat d’échanges qui soit à la hauteur de leur désir fusionnel.

Quand on Fait l’Amour, il est nécessaire de se regarder dans les yeux, de se parler, d’être en contact avec l’autre au lieu de s’affairer plus ou moins en silence, la tête de l’un au dessus de l’épaule de l’autre pendant que son attention est toute accaparée par les sensations génitales qu’on tente de contrôler, soit qu’on veuille retarder son orgasme ou, à l’opposé, s’efforcer d’arriver à jouir.

Ça, c’est avoir une activité sexuelle, ce n’est pas Faire L’Amour. Comprenons-nous bien, il n’y a rien de répréhensible là-dedans, tant qu’on ne confond pas cela avec une rencontre amoureuse.

un souper d’amoureux

Que diriez-vous si, lors d’un souper d’amoureux, l’un des deux partenaire passait son temps à regarder par la fenêtre du restaurant, n’avait pas vraiment de conversation sauf pour faire des commentaires sur les voisins de table et autres sujets du genre au lieu d’accorder toute son attention à la personne qui l’accompagne ?

Je pense qu’on s’entend pour dire qu’en de telles circonstances, l’autre personne doit se sentir très seule. Pourquoi ? Parce qu’il manque ce contact privilégié auquel on est en droit de s’attendre lors d’un repas amoureux ( regard, focus de l’attention sur l’autre, communication, sourires, complicité, etc.).

Ceci étant dit, si on convient qu’un repas amoureux a besoin, pour qu’il soit réussi, d’un certain nombre d’éléments de communication qui viennent enrichir l’ambiance et accompagner l’effet des chandelles, comment peut-on dire qu’on fait l’Amour sans qu’il n’y ait autant sinon encore plus d’éléments relationnels durant cet acte fusionnel.

quand on fait l’Amour, on ne jouit pas seul, les yeux fermés

Quand on fait l’Amour, on se parle, on exprime des sentiments, on se regarde, on se montre et on montre son plaisir à l’autre. Et surtout, quand l’orgasme approche, on plante son regard dans celui de l’autre et on ne se quitte plus des yeux, histoire de montrer sa jouissance tout comme on se lèche les babines à table pour que l’autre participe aussi au plaisir que l’on a de savourer notre dessert !

Quand on fait l’Amour, on ne jouit pas seul, les yeux fermés, en silence; c’est égoïste et ce n’est pas poli ! D’accord, il n’est pas facile de montrer son plaisir, mais cela se développe, ça s’apprend. C’est important puisque c’est un des plus beaux cadeaux à faire quand on veut vraiment faire acte d’amour.

faire l’Amitié, faire la Tendresse et jouer aux Fesses

Mais attention, ceci ne veut pas dire que chaque activité sexuelle doive être une rencontre amoureuse car on ne vit pas que dans la dentelle et les fleurs bleues. Nous avons tous des besoins sexuels qui n’ont rien à voir avec la sentimentalité et qui relèvent davantage de pulsions génitales dont on doit aussi profiter.

Il arrive qu’on ait tout simplement le goût de s’envoyer en l’air et de se taper un orgasme ou deux(!), que ce soit en actualisant certains fantasmes ou tout simplement en se zigonnant les organes jusqu’à ce que le jus nous sorte de partout. Ça c’est du sport les amis.

Mais alors, n’allez surtout pas dire à votre partenaire que vous avez le goût de Faire l’Amour ! Vous risquez d’avoir une réponse à la Tina Turner « What’s love got to do with it » ! Alors soyez clair, dîtes le quand vous avez le gout de jouer aux fesses ou de vous envoyer en l’air. En nommant franchement vos désirs, vous éviterez les procès d’intention.

Il y a aussi de fortes chances qu’en vous permettant de dépasser vos pulsions, cela vous donne plus d’espace pour laisser monter vos besoins d’Affection et qu’il vous viendra le désir de Faire la Tendresse.

Mais surtout, il faut éviter de faire de la fausse représentation pour éviter une foule de problèmes dans le couple, à commencer pas les supposées pannes de désir qui ne sont bien souvent que des luttes de pouvoir entre le bonhomme qui dit : « je veux te Faire l’Amour », et sa dulcinée qui traduit en elle-même cette demande à sa façon : « ..faire l’Amour, mon œil ! Tout ce que tu veux, c’est te soulager »!

la solitude dans la pénétration

C’est la seule explication possible sinon, comment expliquer qu’une femme à qui on propose de vibrer d’émotions en Faisant l’Amour réponde qu’elle a mal à la tête alors qu’elle mouille à l’idée d’embrasser Di Caprio ! La réponse est simple : elle a été déçue.

Son gars lui a parlé d’Amour mais une fois au lit, au lieu de continuer sur la même longueur d’ondes, on dirait qu’il a changé de poste émetteur et s’est branché sur leurs organes sexuels, en syntonisant sur le pénis et son clitoris dans l’espoir d’orgasmes explosifs et qu’ils soient comblés du résultat.

Le problème, c’est que chaque fois que ce scénario se répète, elle ressent les mêmes sensations désagréables qu’avait ressenti la personne au restaurant face à face avec l’autre qui regardait par la fenêtre.

Beaucoup de femmes se sentent souvent très seule de la sorte durant la pénétration. Cela est d’autant plus frustrant, voir triste, qu’elles s’étaient permises de rêver et d’espérer vivre des moments de rapprochement romantique dans les bras de leur partenaire. Convenons qu’il y a de quoi être déçu, surtout quand la chose se reproduit de plus en plus.

Sans nécessairement lui en vouloir, elles en arrivent vite à la conclusion qu’il y a une marge entre ses attentes et la réalité. Plusieurs vont faire le choix de se protéger de ces émotions désagréables en évitant par la suite de s’y engager en prétextant les fameux maux de tête!

pulsions de gars

D’autre part, le gars de son côté se rend bien compte que sa douce n’y met pas autant d’enthousiasme qu’il aimerait. Il se dit que s’il parvenait à la faire jouir jusqu’aux oreilles, elle y prendrait goût et s’impliquerait certainement davantage. Alors il persiste à y mettre le paquet. Mais comme il est convaincu que la seule façon de l’amener à dire oui, c’est de l’attirer avec des paroles romantiques, il lui propose encore et toujours de Faire l’Amour.

Or, tout le monde sait que pour les gars, émotions, sensations, excitation et Amour, c’est tout mêlé; au point qu’ils ont parfois l’impression d’avoir une rose au bout du gland. En fait, pour lui, tout cela a commencé à l’adolescence. En l’espace de quelques mois, le jeune se rend compte que dès qu’il est ému, il bande. Et plus il bande, plus il se sent amoureux !

Alors, quand il apprend que les adultes appellent cela Faire l’Amour, il a vite l’impression de se retrouver au Pays des Merveilles ! Mais ses problèmes commencent le jour où il réalise que cette expression n’a pas la même signification ni la même portée pour tout le monde.

Et c’est à partir de ce moment là qu’il se dit que puisqu’il aura toujours une vente à faire, il serait avantageux d’amadouer la clientèle en lui proposant une longueur d’ondes qu’il sait qu’elle désire : Faire l’Amour.

on ne fait pas l’amour comme on baise

Mais voilà qu’autant par sa gestuelle que dans sa mouvance, son rythme saccadé trahira son excitation mal contenue qui n’a pas grand-chose à voir avec celle de Faire l’Amour.

Ainsi par exemple, la cadence et la vigueur des mouvements du bassin des deux partenaires dans la pénétration ne sauraient d’aucune façon être comparables entre une activité coïtale qui se veut une manifestation d’amour et de tendresse et une partie de fesses.

Concrètement dans le premier cas, on va extérioriser davantage son désir de communiquer de la tendresse par des mouvements du bassin qui seront surtout ondulatoires et fluides alors que dans le goût de s’envoyer en l’air, on sera plus portés à se labourer les flancs de part et d’autres qu’à se cajoler.

Il va sans dire que l’expression du regard tout comme le choix des mots échangés devraient aussi être à l’avenant, en harmonie avec le type de rencontre que les deux partenaires ont décidé de vivre d’une fois à l’autre.

Bref, c’est dans l’ensemble de nos comportements qu’on témoigne véritablement des longueurs d’ondes qui nous animent et c’est dans des moments semblables qu’on se trahit quand, pour reprendre une expression populaire, nos gestes sonnent faux.

Voilà pourquoi je dis que si chaque couple arrivait à se communiquer clairement, en termes non équivoques, leurs différents niveaux de désirs et à faire en sorte de satisfaire leurs pulsions réciproques, cela mettrait fin à l’utilisation d’étiquettes floues telles que l’expression Faire l’Amour pour en arriver à vendre sa salade, au risque de laisser l’autre sur son appétit.

Décidément, l’expression FAIRE L’AMOUR, à force d’être utilisée à toutes les sauces, en est venue à créer des zones floues qui ne sont pas aidantes à la communication de couple, surtout dans un univers où la nervosité aidant, il est facile de vouloir se réfugier derrière des généralités, avec les inconvénients qu’on vient de voir.

C’est donc dire qu’on devrait réserver cette expression à des moments très privilégiés alors qu’on utilisera d’autres mots pour dire plus clairement nos autres besoins.

Ainsi, arrivera-t-il moins souvent que l’un des deux dans le couple soit déçu en constatant que l’autre ne pensait pas ce que je pensais qu’il pensait quand il a dit… !

1 commentaire:

Den a dit...

Très joli synthèse d'un épineux problème : celui de la confrontation de notre timidité, de nos retenus, de nos pulsions et de ce qui fait le moteur de notre vie (en tas cas pour nous les gars), le fait qu'ado, on se découvre un pouvoir qui nous transcende : l'excitation.
Je crois qu'effectivement, la difficulté de la sexualité masculine tient en ce point : adolescent on a presque plus de plaisir à l'excitation qu'à l'acte lui-même. En effet, l'acte est initialement décevant, car trop, comment dire, englobant... dépassant, submergeant...
La difficulté est qu'il faut apprendre à "maîtriser", à ne pas se laisser dépasser par un acte qui est justement l'abandon de soi.
Je crois que le sexe est un paradoxe, un merveilleux paradoxe qui justement mélange dans un même acte une bonne baise et faire l'amour. Je crois que l'acte sexuel est un subtil mélange des deux, toujours variant fonction de qui, de quand, et des divers pourquoi de chacun des partenaires
Désolé de ne pas prendre le temps de réfléchir plus avant à mon commentaire., Je le laisse, car sur les blogs, on ne pas assez le temps de laisser une trace de notre passage, de notre plaisir ou de notre colère. Pour le fait, c'est avec grand plaisir que je communiquerais votre adresse.
A vous relire.
Denis