lundi, avril 30, 2007

La sexualité chez les performants : dynamique personnelle et pulsions sexuelles

Maintenant qu’on a décrit dans un texte précédent les effets du stress sur la sexualité, une question vient à l’esprit. Y aurait-il un lien entre la dynamique des performants qui aiment fonctionner sous pression et la présence chez eux de pulsions libidinales plus fortes, jumelées à un besoin supérieur à la moyenne de passer à l’acte en flirtant avec le défendu ?

On peut supposer qu’à force de composer avec le stress, les performants finissent par avoir un seuil de tolérance au stress plus élevé. D’où leur recherche d’exutoires qui seraient à la mesure des tensions dont ils veulent se soulager.

Alors, de la même manière que certains vont choisir de combattre le feu par le feu, quoi de plus excitant pour plusieurs d’entre eux que de confronter les tabous, surtout ceux concernant la sexualité. Mais bien sûr, cela ne vaut pas pour tout le monde.

catégories de performants

Des performants, il en existe de tous les genres. Certains ont été choyés de talents naturels et de capacités exceptionnelles. Qu'on pense à nos vedettes et aux succès impressionnants qu’ils remportent, que ce soit au niveau sportif ou artistique. Ces gens-là ont leur façon de composer avec le stress.

Par contre, il y en a d’autres qui doivent mettre toutes leurs énergies et leur dynamisme à contribution pour se frayer un chemin vers les sommets. Ils le font avec détermination parce qu’ils sont convaincus d’avoir le potentiel pour le faire et croient que ce serait de la médiocrité de leur part de ne pas viser de tels résultats.

D’autres enfin tiennent mordicus à « percer » parce qu’ils veulent absolument se confirmer qu’ils sont dans une classe à part. C’est pourquoi ils tiennent absolument à se prouver, d’abord à eux-mêmes mais aussi à tous leurs proches, qu’ils sont capables de faire plus et mieux que les autres.

Pour ces derniers, leur réussite est lourde de conséquence. Ce sont les mêmes individus qui chercheront à faire flèche de tout bois et qui se disent prêts à tout pour atteindre leurs objectifs, comme s’il en allait de la réussite ou de l’échec de leur vie toute entière.

Rappelons-nous de ce qu’on a dit des réactions des personnes insécures face au stress. Plus la tension est forte, moins elles pourront se permettre de faire preuve de souplesse dans leurs attitudes.

Comme on peut le constater, l’atteinte ou non des résultats escomptés aura des implications très différentes d’une personne à l’autre et les énergies vitales que chacun devra y investir vont aussi varier considérablement selon les individus.

Il y a donc deux éléments importants à prendre en considération à savoir la personnalité de l’individu sur laquelle viendra s’ajouter sa dynamique.

Les performants ont souvent des comportements qui défient les règles généralement observées par l’ensemble de la population. Plusieurs vous diront même que c’est précisément parce qu’ils ne suivent pas le même chemin que les autres ou qu’ils n’obéissent pas aux mêmes règles, qu’ils arrivent à se retrouver les premiers.

En fait, ils tiennent à se considérer à part des autres. En voici d’ailleurs un exemple caractéristique.

un cas typique

Pendant près d’un an, j’ai reçu en consultation un patient qui, de façon régulière à ce qu’il paraît, stationnait sa voiture en plein devant l’édifice où était situé mon bureau. Or, il agissait ainsi en dépit du fait que c’était une zone de stationnement interdit, ce qui lui valait une ou deux contraventions par semaines.

Amusé de mon étonnement face à une telle attitude, il m’avait répondu qu’il n’avait pas de temps à perdre à chercher une place sur les rues transversales. Tout compte fait, il trouvait plus simple de se foutre des règlements municipaux et d’ignorer les affiches.

Quant au prix à payer (contraventions) pour s’offrir ce qu’il appelait sa tranquillité d’esprit, il avait trouvé une solution astucieuse qui lui permettait de contourner les désagréments reliés à l’acquittement des amendes en chargeant sa secrétaire d’acquitter ses billets au fur et à mesure qu’il les déposait sur son bureau.

Payés à partir du compte bancaire d’une de ses entreprises, il faisait inclure ces déboursés dans les dépenses courantes pour lesquelles son comptable réclamait des déductions fiscales.

Alors, comme on le voit, non seulement notre bonhomme s’était-il trouvé une série de rationalisations pour se justifier de transgresser aux lois mais il avait aussi mis en place une stratégie qui contribuait à banaliser son méfait à ses propres yeux puisqu’il s’évitait d’en ressentir les désagréments, ce qui lui permettait d’en éprouver aucun remord.

Qui plus est, grâce à son entourloupette, il pouvait se féliciter non seulement d’avoir transformé une source potentielle de frustrations en farce mais surtout en une autre victoire sur le système et ça, c’était très flatteur pour lui.

le jogging sexuel

Ce monsieur avait fait fortune dans la construction et la gestion d’immeubles résidentiels. Il en possédait d’ailleurs dans tous les coins de la ville et même en province.

Comme c’était un chaud lapin, il n’engageait comme concierges que des femmes qui se montraient réceptives à ses avances dès la première entrevue de sélection. Il les choisissait donc en fonction de leur « disponibilité » mais aussi de ses préférences, c’est-à-dire des femmes dans la trentaine, aux petits seins mais avec des fesses dodues.

Pardessus tout, elles devaient se montrer vicieuses et inventives au lit car ce qu’il attendait d’elles, c’était qu’elles le provoquent et de l’excitent et non pas de l’émouvoir. Il cherchait des sensations fortes suscitées par des scénarios de plus en plus osés parce qu’on finit par s’habituer aux situations spéciales qui deviennent par le fait même un peu moins excitantes.

D’ailleurs, dès que les parties de jambes en l’air prenaient des allures de déjà vu avec l’une d’elles, il perdait tout intérêt à son égard et faisait en sorte de la remplacer ; résultat, comme il disait, il y avait souvent une petite nouvelle à initier.

En plus du plaisir que lui procurait le caractère vénal de ses parties de fesses avec ses employées, il savourait ce sentiment de puissance que lui procurait sa capacité d’avoir ces femmes à sa disposition.

Comme il était continuellement stressé, il allait presque tous les jours passer quelques instants chez l’une ou l’autre pour se défouler. Le mot peut sembler bizarre mais c’est exactement ainsi qu’il le décrivait. Il espérait trouver dans ses activités sexuelles un défoulement, une véritable décharge d’adrénaline dans tous les sens du terme.

C’est tellement vrai qu’il m’expliquait qu’au moment d’éjaculer, en position de levrette (la femme penchée vers l’avant et l’homme la pénétrant par l’arrière ), il sautillait sur place dans le but de d’augmenter sa tension corporelle, espérant par le fait même décupler la vigueur de son orgasme.

C’était d’ailleurs cette insatisfaction qui l’avait amené à consulter parce qu’il se plaignait de ne jamais vraiment en arriver à se sentir satisfait, vidé, vraiment rassasié. Et d’après lui, c’était pour cela qu’il en voulait toujours plus, à tous points de vue.

Convenons que cet agir sexuel ressemblait davantage à une épreuve d’endurance, une manière de jogging sexuel, qu’à une rencontre érotique, avec ou sans charge émotive. Les femmes n’y figuraient que comme objets d’assouvissement, ce qui le protégeait, disait-il, de toute forme d’attachement émotif, chose qu’il craignait comme la peste.
Car pour rien au monde, il ne voulait se retrouver dans quelque forme de dépendance que ce soit. D’où son mode de comportement.

On est donc en présence d’un individu centré sur lui-même et qui se fait un point d’honneur de défier les règles, quelles qu’elles soient, quand elles viennent contrecarrer ses désirs. Donc, faire le contraire de ce qui est prescrit par les lois et qui plus est, le faire en flirtant avec les tabous, voilà un stimulant doublement jouissif dans son cas.

En fait, c’est un peu le même genre de transgression des interdits que l’individu ressent lorsqu’il pique un cendrier au sortir du grand hôtel ; c’est illégal et immoral. Bien que le geste n’ait pas la même gravité, pour celui qui n’a jamais volé, la montée d’adrénaline peut être aussi forte que pour l’autre qui passe son temps à défier les us et coutumes.

Fidèle à son système de valeurs centré sur ses seuls intérêts, il aborde toutes ses relations interpersonnelles en termes de rapports de forces. Il n’a donc aucun scrupule à utiliser les gens à ses fins comme on l’a constaté avec ses concierges en leur « faisant des offres ($) qu’elles ne pouvaient pas refuser ».

Mais voilà, comme il est la preuve vivante que des gens peuvent en manipuler d’autres, son propre comportement vient renforcir sa méfiance envers tout le monde. D’où son incapacité viscérale à se laisser aller et l’absolue nécessité qu’il éprouve de toujours être en contrôle à propos de tout. Or, avec les pulsions sexuelles qui le mènent par le bout du nez, pas surprenant qu’il panique !
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- propos tirés de mon volume : Les gens épanouis.. réussissent mieux ! (Quebecor, 2003) désormais disponible par mon entremise, via : info@andregareau.com

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