mercredi, mars 18, 2009

La toison pubienne, alias les poils du c...

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(aperçu d' intervention en consultation sexologique avec un couple sur cette question en apparence anodine mais qui affecte la qualité des rapprochements et donc du vécu sexuel )
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- " Dites-moi : est-ce que vous vous coupez les poils ?

- Je vous demande pardon ?

- Je vous ai demandé si vous vous coupiez les poils ?

- Mais qu’est-ce que vous voulez dire ?

- C’est pourtant simple comme question ! Est-ce que vous entretenez votre toison pubienne ?

- Ah ! Euh...! (silence)

En posant ces questions, je regardais toujours les gens venus me consulter droit dans les yeux, avec d’une part l’expertise requise pour les rassasier de mes doctes conseils mais aussi avec beaucoup de compassion.

Car je savais pertinemment qu’ils allaient être interpelés, voire même dérangés dans leurs habitudes et qu’ils se sentiraient momentanément bousculés, un peu comme un petit canard à la patte cassée ou, pire encore, comme un curé qui a perdu sa paroisse.

- Mais que voulez-vous, quand on a une bonne nature, ça va de soi ; on n’a même pas de mérite !

(…)

- “Vous voulez savoir si je..?

- Oui c’est bien ça, est-ce que vous taillez vos poils intimes ?”

Chaque fois que j’ai posé cette question, la dame me regardait d’un air embêté pendant que le monsieur faisait comme s’il n’était pas là, comme si rien de ça le concernait. Il la laissait trouver une réponse. Ne me dîtes pas que cela vous surprend ! Et elle, comme de raison, commençait à trouver le silence lourd.

Bien sûr, comme sexologue, il faut s’attendre à rencontrer des résistances quand on aborde ce genre de sujet. Et c’est d’ailleurs pourquoi je vous dis tout de suite qu’il va falloir vous armer de patience car les progrès (à cause de cette fameuse résistance au changement dont tout le monde parle) ne se produisent pas toujours aussi vite qu’on se croirait en droit d’espérer.

C’est que, voyez-vous, la question va beaucoup plus loin qu’une simple histoire de tonsure. En fait, c’est tout un volet important de la perception de soi et de l’image que la femme projette, tant au sens propre qu’au sens figuré, qui est soulevé par cette simple question. Mais comme je ne voudrais pas empiéter sur le déroulement des événements, reprenons le fil de notre histoire.

- “ Oui, je me fais habituellement faire le bikini quand approche l’été !”

Précisons tout d’abord pour le bénéfice de mes lecteurs masculins que le bikini, c’est l’épilation des poils de l’entrecuisse et de chaque côté du mont de Vénus qui pourraient par mégarde retrousser sur les bords de la petite culotte et trahir la vraie nature de la demoiselle en plus de nous renvoyer au temps des grottes et des cavernes alors que les gars se recrutaient des femelles à coups de massue, histoire de leur expliquer leurs droits.. de propriété !

C’est peut-être une bonne idée (pas la massue mais la tonte ! Faites attention à ce que vous pensez, bordel de merde, sinon vous allez finir par me faire pendre ! ) Toutefois ce n’est pas tellement des alentours mais bien davantage du centre de votre petite fleur que je voulais parler.

Ouch ! On dirait que la madame vient de se faire frapper par une réponse qu’elle n’attendait absolument pas. Elle est restée complètement figée !

- “ Bien non, elle ne les coupe pas !

Devinez qui vient de dire cela ! J’imagine que vous ne serez pas surpris d’apprendre qu’en me tournant vers lui, je l’ai relancé

“ Et vous ?

- Bien moi, non, pas nécessaire de couper cela, c’est naturel !
Attention, ne riez pas, c’est pas poli !

- Ah, bon ! Mais alors, pourquoi vous rasez-vous la barbe et vous faîtes-vous tailler la moustache ?

- (silence)

- Et pourquoi les femmes s’épilent-elles les sourcils, les aisselles et les jambes en plus du bikini ? N’est-ce pas là aussi une pilosité naturelle ! ”

(….)

Il s’ensuivait évidemment un sentiment de confusion sur lequel je comptais pour faire un effet bœuf. En réalité, je tenais à ce que les gens se rendent compte qu’en matière de sexualité, ils ou elles ne prennent pas vraiment de temps de réfléchir et qu’ils sont plutôt portés à prendre les choses pour acquises. Résultat, les gens développent certaines attitudes et adoptent des comportements sans que ce ne soient vraiment des choix qu’ils ont fait consciemment ; bref, plusieurs ne savent trop comment, ni où donner de la tête !

Notez bien que tout ce que je vous raconte là se passait dans mon bureau, fin des années’70, début des années’80. C’est donc dire que même s’il était beaucoup question de révolution sexuelle dans les médias à cette époque, il faut retenir que la majorité des gens restaient quand même assez conservateurs dans la vraie vie.

Et je persiste à croire qu’en 2009, il y a encore loin de la parole au geste, quoiqu’en disent les pseudo spécialistes des médias qui confondent leurs rêves (la projection de leur image) avec la réalité.

Mais revenons à nos tourtereaux qui nous attendent dans le bureau.

- Mais pourquoi faudrait-il couper cela ?

- Pour plusieurs raisons ma chère dame.

on claire la voie !


Premièrement parce ça fait plus joli, moins négligé, et surtout moins buisson sauvage laissé en friche, si vous voyez bien ce que je veux dire !

En fait, c’est un peu la même chose que ce que vous faites avec la devanture de votre maison. Tout le monde est d’accord pour dire que, pour peu qu’on ait le moindrement de fierté personnelle et de considération pour le voisinage, on entretient sa pelouse, on taille les bosquets et on en dégage les allées; bref, on claire la voie pour rendre l’accès invitant. Question de fierté diraient certains, une affaire de convivialité diront les autres !

Deuxièmement, vous conviendrez que ce serait bien la moindre des politesses à faire à votre amant que de lui rendre l’accès plus accueillant. Mais on en reparlera un peu plus loin. Commençons donc tout d’abord par le premier point qui n’est pas sans importance, soit celui de l’apparence. On verra ensuite pour le second car c’est beaucoup plus complexe comme implication.

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AVIS AU LECTEUR:

Ces lignes qui suivent sont tirées des cinq premières pages d’un texte qui en compte au total vingt-neuf.
Celui-ci fait d'ailleurs partie d’un ensemble d’une vingtaine de textes différents, mais de même acabit, qui germent dans mes dossiers depuis plusieurs années.
Certains sont terminés, d’autres sont en friche depuis des lunes. Publierai, publierai pas, telle est la question ; (il y en aurait assez pour 2 ou 3 volumes).
On verra ce que l'avenir leur réserve.
Entretemps, j'envisage de commencer à en publier des extraits sur ce blogue, de temps à autres.

vos commentaires seraient appréciés – merci









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