Le sexe des jeunes ados et pré-ado et l’acceptation parentale.
Tous les parents de jeunes entre 9 et 13 ans, garçons ou filles, en
viennent à se poser la question : est-ce que je peux attendre encore un
peu ou si je dois aborder maintenant le sujet de la sexualité avec celui ou
celle que je considère encore mon enfant ?
Et quand ce questionnement arrive, 90% sont portés à se dire : pas
tout de suite, il est encore bien trop jeune pour penser à ça ? L’an prochain
ce sera plus approprié. Pas sûr.
Permettez que je vous dise que vaut mieux plus tôt que trop tard. Et non,
je ne brandis pas le spectre de la grossesse comme on utilisait autrefois ce
prétexte pour faire peur au monde en espérant qu’ils se tiennent loin de
« la chose » le plus longtemps possible.
Mais je vous soumets par contre que si cette idée vous vient à l’esprit
maintenant, ce n’est fort probablement pas parce que vous avez couru après. Alors
serait-il possible qu’il y ait quelque chose dans l’air qui vous pousse cette
intuition dans le cerveau ? Quelle que chose du genre : prêt, pas prêt,
faut y aller !
Et c’est alors que commence la valse des questions. Qu’est-ce que je lui
dis ? Comment aborder ces sujets et surtout, jusqu’où je peux ou je dois aller
?
Dès le départ, je suis certain qu’on va s’entendre sur un point ; le sujet est délicat. Qui plus est, on
entre également dans l’univers de l’intimité, tant celle du jeune que de l’adulte.
Des zones dont on n’a pas l’habitude discuter ni d’échanger même entre adultes.
Encore moins avec nos enfants. Alors, il y a de quoi être précautionneux.
C’est d’ailleurs ce qui amène très souvent les gens à se rabattre sur des
explications d’ordre surtout biologiques (menstruations, fécondation, etc.) accompagnées
de mises en garde pour faire ressortir les risques et dangers qui y sont
rattachés comme les grossesses à l’adolescence, les mts. et le sida. Ce fut
d ’ailleurs ce sur quoi des générations de parents se sont appuyés pour
justifier toutes leurs réticences et leurs objections à toute libéralisation
sexuelle des jeunes pendant des décennies et ce sans négliger l’importance de
la religion qui venait doubler leurs interdits des sanctions religieuses de
péché jusqu’aux menaces de damnation, amen !
D’autres, se considérant plus de
leur temps, vont s’aventurer à parler de contraception et insister pour que
leur ado adopte une sexualité responsable
!! Pensons-y bien deux minutes ! On leur dit de rester calme alors qu’ils ont
les hormones dans le tapis !
Franchement, ça n’a pas d’allure comme demande. Aurions-nous oublié combien
on était nous-mêmes insécure à leur âge ? Bien sûr, on a fini par se calmer un peu, mais
après combien de tergiversations. Et même aujourd’hui, combien d’adultes pensez-vous
pourraient avouer que, pour reprendre les mots de LaFontaine, « la
tentation, l’herbe tendre et quelques diables me poussant, je tondis de ce pré
la largeur de ma langue. Je n’en avais nul droit puisqu’il faut parler ainsi;
mais….. » Et on voudrait qu’ils
soient plus sérieux que nous ! Réalisons qu’on frôle la foutaise.
Et souvenez-vous qu’en ces années-là, les choses n’étaient pas abordées aussi
ouvertement sur la place publique que maintenant. Un ado pouvait donc être
moins informé et, par conséquent, moins confiant dans ses habiletés sociales et
séductrices comparativement aux autres confrères sans que cela le place autant
à risque que maintenant de se faire stigmatiser aussi nettement.
Car de nos jours, il est question de sexe partout et à tous bouts de
champs. On ne peut y échapper. Les jeunes en parlent entre eux. Comme nous, ils
sont portés à se comparer et ils se retrouvent aussi parfois en compétition quand
ils ne sont pas nettement en train de rivaliser pour un chum ou une blonde.
D’où le risque d’être ridiculisé encouru par ceux qui ne sont pas
« in », ceux qui ne sont dans le coup ! De l’étiquetage au taxage, le
prix à payer est énorme pour les jeunes. D’ailleurs le monde du web, avec
ses « réseaux sociaux », en font leurs choux gras. Et on a pu
constater à quel point ces « chats » ont pu faire des ravages, voire
même s’avérer néfaste pour certains de ces jeunes.
D’où ma conviction qu’il est absolument essentiel comme parent de pas
sous-estimer l’importance de leur sentiment d’appartenance au groupe de pairs
car il fait foi et loi chez les jeunes, que les parents trouvent ça exagéré ou
non. Réalisons bien qu’ils ne vivent pas la même chose à l’extérieur qu’à la
maison. Ils doivent donc composer avec cela et le cocon n’a plus la même
signification ni le même impact.
Est-ce à dire qu’en revanche, il faille les outiller de telle sorte
qu’ils puissent rivaliser dans la séduction et la lubricité avec les « vedettes »
du gang ? Évidemment que non (d’ailleurs de nombreuses mères devraient
s’interroger sur le pourquoi elles achètent des chandails bedaines à leurs
filles de 10-11 ans ?)
Loin de chercher à ce que votre enfant soit le plus dévergondé(e) de son
groupe d’amis, il importe de vous assurer qu’il ou elle ne passe pas non plus pour
« le plus nigaud ou la plus nounoune ».
Ne serait-ce que pour leur éviter ça, votre devoir est de leur parler
avant que les étiquettes aient commencé à faire leur effet car c’est autant
leur confiance en soi que leurs habilités sociales qu’ils sont en train
d’assoir en même temps. Voilà donc pourquoi, pour eux, cela ne doit pas être
pris à la légère comme si ce n’était que des enfantillages.
Dans les années 60-70, c’était celui qui ressemblait le plus à Elvis qui
« pognait » le plus. Puis ce fut le style Madonna, puis Miley Cyrus et les autres. On conviendra que
les « modèles » actuels n’affichent plus la même candeur virginale
qu’avant. Non pas que les jeunes veulent adopter un comportement aussi
provoquant pour ne pas dire dévergondé, mais leur empressement à suivre
certains codes vestimentaires, par exemple, démontre bien que la pudeur de ma
jeunesse n’est absolument plus la saveur du jour.
Il faut donc agir. Agir pour
eux, pas pour nous. Ça veut dire quoi ?
Pendant longtemps, pour plusieurs
parents, aborder les questions de sexualité avec leur ado visait
essentiellement à se rassurer eux-mêmes que leur jeune n’allait pas se mettre
dans le trouble soit en tombant en amour trop jeune, trop vite à leur goût, pas
avec le bon ou la bonne partenaire (au goût du parent, évidemment). Sans oublier
bien sur les risques de grossesse et/ou de MTS déjà mentionnés.
Bref, les parents visaient tout
autant à se sécuriser qu’à protéger leur jeune. En définitive, le portrait
qu’ils faisaient de la sexualité en faisait plus un épouvantail qu’un univers à
apprivoiser. On leur présentait un monde dans lequel il leur faudrait
s’aventurer avec précautions, quand leur maturité serait plus assumée. En
d’autres termes, pas tout de suite, plus tard.
Ce message-là ne tient plus la
route.
Faut aborder les vraies affaires.
Cela ne veut absolument pas dire qu’on doive être d’accord ni se plier à toutes
tendances et « modes et saveurs du moment » pour reprendre une
expression à la mode mais les ignorer ou feindre que ça n’existe pas ou pire
encore refuser d’en parler sous prétexte que c’est ceci ou cela et que c’est
contre vos principes ou je ne sais quoi, c’est vous disqualifier comme
interlocuteur valable et crédible pour votre ado. Pourquoi ? Parce que c’est lui envoyer le
message qu’il ou elle est mieux de ne pas poser de question là-dessus parce
qu’il ou elle risque de se faire recevoir avec une brique et un fanal.
Alors, à moins que vous ayez un
ou une ado masochiste, ne vous attendez pas à ce qu’ils ou elles vous posent
les questions les plus pointues, celles qui les intriguent le plus mais qui
frisent le bord du défendu (comme on verra plus loin). Car, qu’on le veuille
ou non, comme parent, vous demeurez encore le détenteur de l’autorité, donc la
personne qui peut réagir par une interdiction.. au lieu d’une information ou
d’un conseil.
Alors, à moins que votre ado soit
idiot ou maso, je le répète, vous aurez beau prétendre vouloir son bien et
l’aimer beaucoup, beaucoup, ce n’est pas à vous qu’il va partager son
questionnement. La majeure partie du temps, c’est en écoutant ce que leurs pairs
pas tellement plus informés qu’eux en disent qu’ils finiront par se faire une
opinion, quitte à la confirmer ou l’invalider plus tard, via l’expérience de la
vie. Or voilà précisément ce qu’on
souhaite éviter.
Mais il y a encore, près de chez
nous, de fortes réticences parentales. Et il s’en trouve certainement beaucoup
plus proche qu’on ne serait porté à le croire en 2016. Je n’en citerai pour
preuve que cet événement relaté dernièrement par les médias dont Radio-Canada
et La Presse, à l’effet que des mères musulmanes ontariennes ont retiré leur
enfant de l’école le mois dernier (en mai 2016) en déclarant refuser que
l’école fasse l’éducation sexuelle de leurs enfants parce que, à ce qu’il
paraît, elles s’objectent que l’enseignant utilise des mots tels que
« pénis, vagin, etc. » en classe.
Ce serait, toujours selon les
reportages que j’ai survolés, ‘’contraire aux principes et aux croyances de
notre famille’’ et je cite aussi ‘’nous ne voulons pas que leur innocence soit
détruite’’. Ça, cela s’est passé pas loin d’ici, faut le savoir.
Voilà ce qui m’amène à dire que
force est d’admettre que non seulement ces résistances sont bel et bien réelles
mais qu’elles étaient à toutes fins pratiques prévisibles. Ce sont des
résistances sévères issues de l’insécurité foncière des gens face à la
sexualité, on peut même penser face à leur propre vécu.
Tout ça engendré par une certaine
forme d’ignorance, un manque de connaissance qui se traduit par un raidissement.
Une fermeture des attitudes, face à ce qui est inconnu ou méconnu. Une réaction
caractéristique d’une rigidité, une carence de souplesse menant à la crainte de
se voir pris au dépourvu, de se sentir désarmé, incapable de composer avec une
nouvelle réalité.
Résultat, chez ces gens, une
certaine panique s’installe. Il s’ensuit que pour s’éviter de vivre ce
désagrément, la personne se raidit mentalement et se ferme comme une huitre à
toute nouvelle idée qui l’obligerait à revisiter ses croyances, ses convictions,
une démarche d’autant plus insécurisante pour quiconque ne compte pas déjà la
souplesse parmi ses composantes de personnalité. Et on vient de voir avec
Orlando, ce qui peut arriver quand quelqu’un se referme sur ses propres
convictions et qu’il les érige en dogme qui se traduit par : quiconque ne
partage pas les mêmes valeurs que moi est un mécréant et un impie.. qui même pas le droit de vivre.
D’où l’importance d’ouvrir le
dialogue. Je suggère de commencer par indiquer à son ado qu’on aimerait
bénéficier de sa collaboration pour instaurer un climat favorable aux échanges
sur cette nouvelle dimension de la sexualité qui va prendre de plus en plus de
place dans sa vie. Convenir avec lui dès le départ que cela amène un climat
quelque peu particulier et qu’il serait encourageant pour vous d’entendre ses
suggestions sur la façon de le faire pour faciliter la chose quand il lui en
viendra à l’esprit.
On lance cette invitation en
ne perdant jamais de vue non seulement de la délicatesse du sujet mais aussi et
surtout de la précarité de sa situation (enfant vs parent) car toute
glissade vers un argument d’autorité ou même simplement un ton parental risque
d’inciter le jeune à se refermer comme une huitre pour les raisons déjà
mentionnées.
Évidemment, il faut s’attendre à
se faire tester. Que ça plaise au parent ou non, l’ado a de bonnes raisons de
se méfier de l’enjeu parce que dés sont pipés au départ. Veux, veux pas, il y
en a un qui a l’autorité, donc le pouvoir de son bord. C’est normal que
l’autre ait besoin de tester jusqu’où on peut aller.
À vous de nourrir ce climat de
confiance et ce n’est pas qu’une mince tâche au début. Après quelques années,
une fois que la dépendance du pré-ado est rendue au stage des échanges
avoisinant la majorité, les choses seront fort probablement rendues beaucoup
plus faciles. C’est entre ces deux étapes qu’il faut patiner sur une glace
parfois trop mince à notre goût.
Il y en a qui disent que c’est
ça, la beauté du sport ! Amusez-vous bien en faisant de vos ados des jeunes en
qui vous considérez que vous pouvez avoir confiance, croyant que mis en
situation, ils ont les outils pour faire les bons choix (ce qui ne veut pas
dire qu’ils ne feront jamais d’erreurs) mais que vous savez qu’ils ont au moins
des éléments pour s’orienter. Et qu’au besoin, si la situation s’en fait
sentir, ils pourront vous en parler sans crainte que le ciel leur tombe sur la
tête.
Voilà le meilleur service que
vous pouvez rendre à votre ado et ça se bâtit sur la confiance et se mesure sur
une période de 5 à 7 ou 8 ans.
COUPLET CENSURÉ.
Avis au lecteur- Si j’étais
musicien ou parolier, j’emprunterais ces mots de Félix Leclerc en guise de
sous-titre de ces derniers paragraphes. Mais n’étant ni l’un ni l’autre je
l’écris pour avertir tous ceux et celles qui ont l’âme sensibles qu’ils
devraient aller voir ailleurs le temps qu’il fait car ça va devenir un peu plus
cru. Voilà qui est dit, ça m’a fait
plaisir.
Maintenant pour tous ceux qui
sont restés, il faut réaliser que malgré tous vos efforts, quoiqu’on veuille et
quoiqu’on fasse comme adulte, il restera des sujets que vos jeunes n’aborderont
probablement jamais avec vous, du moins pas avant l’âge d’environ 15-16 ans. Des
questions qui sont pourtant d’un intérêt crucial pour plusieurs, j’en suis
convaincu, mais… souvenez-vous des masos, pas masos..,
J’y vais de quelques-unes, et pas
des plus juteuses, histoire de vous mettre au parfum. Commençons par des
questions de gars :
1-
J’ai le
goût de me masturber tous les jours, 2, 3 pis même 4 fois. Ça chauffe suis-je
normal ? Auquel pensez-vous qu’il va s’adresser
2-
Il y en
a une qui me fait bander, pourtant je ne la trouve pas belle. Qu’est-ce que je
fais avec ça ?
3-
Quand je
rentre dans avec ma blonde, j’éjacule tout de suite. Comment on fait pour
ralentir ça ?
4-
Au parc,
il y a un homme qui m’a fait une pipe. C’était vraiment bon. Suis-je homo ?
Et je pourrais continuer comme cela longtemps.
Comment pensez-vous que le jeune s’attend à être accueilli ? Par lequel des 2
parents, à supposer que les 2 soient encore là ? Voyez-vous le jeune poser ces
questions à sa mère ? Au père d’une famille reconstituée. Réalisons à quel
point, dans chaque cas, la solidité du climat de confiance est primordiale de
prime abord.
Passons maintenant aux filles :
1-
Quand
mon chum me touche les seins, je deviens toute mouillée. Est-ce normal - Est-ce
que je suis-malade ?
2-
J’aimerais
faire l’amour avec mon chum mais j’ai peur que ça fasse mal ? Comment c’est la
première fois ?
3-
Il y a
des filles qui disent qu’il faut avaler. C’est-tu vrai ? Qu’est-ce que ça goûte
?
Et ainsi de suite. Ici aussi, la liste pourrait s’étirer
pratiquement ad vitam aeternam.
Ici aussi les mêmes questions se posent.
Qu’est-ce qui va arriver si je parle de mes désirs de coucher avec mon chum ?
On peut comprendre que plusieurs craignent de se voir interdire les sorties,
etc. Est-il besoin de revenir sur les prémisses requises quant au climat
de confiance ?
Bref, l’ado qui voudrait des
conseils s’aventure en chemin périlleux. Rendons-leur la voie
accueillante.
Voilà autant de
questions intéressantes dont je traiterai désormais, ici et sur mon site web
dont vous avez déjà la référence sur ce site mais que je vous redonne : (andregareau.blogspot.com/ et André Gareau, Sexologue ) et/ou sur ma page
Facebook.
Comme toujours,
vos commentaires seront appréciés,